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Comment pouvons-nous aider les enfants à se sentir en sécurité quand il devient difficile de les laisser à un endroit ?

  • Writer: Catherine Korah
    Catherine Korah
  • Sep 21, 2023
  • 7 min read

Updated: Sep 2

Par Hannah Beach (21 septembre 2023)

Traduit par Nathalie Malo



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Hier, j’ai rendu visite à ma mère à l’hôpital. Elle souffre de démence en stade avancé et il est difficile pour elle d’avoir la notion du temps. À toutes les fois que nous quittons l’hôpital, elle se met à pleurer. En effet, il est terrifiant pour elle de se trouver dans un endroit inconnu, sans ses proches, et de ne pas savoir quand elle nous verra de nouveau.

En me penchant vers elle pour l’embrasser et lui dire « au revoir », je lui ai instinctivement donné une multitude de bisous pour l’aider à tenir le coup jusqu’à mon retour, c’est-à-dire le lendemain. J’ai prononcé ces mots à voix haute tout en l’embrassant sur le front afin qu’elle sache qu’elle avait des bisous « en banque » qui lui étaient destinés, si elle en éprouvait le besoin ultérieurement. Alors que je faisais cela, j’ai été envahie par le souvenir de ma mère qui plaçait des baisers dans ma main avant que je quitte pour l’école, et ce, au cas où j’en aurais ressenti le besoin au cours de son absence. Je pouvais sentir mes larmes monter et je les ai retenues jusqu’à ce que je me trouve dans le couloir, et où elle ne pourrait pas me voir pleurer. Or, je me suis rendue compte que la danse des soins était dorénavant inversée, et qu’il était primordial que je dégage un sentiment d’assurance qui traduit qu’elle irait mieux, de manière à ce qu’elle soit apte à le sentir et à le croire également.


Mon Dieu, que c’est difficile d’être un adulte parfois ! Notre attitude peut transmettre un sentiment de sécurité (ou pas), où ceux qui dépendent sur nous peuvent jouir d’un repos émotionnel. Cependant, il arrive quelquefois que ce soit si ardu à faire.


J’ai monté dans ma voiture et j’ai ouvert la radio pour le trajet du retour à la maison. La chanson « Just Us », extraite du film « Soul », jouait à cet instant. Il s’agit de l’un de ces morceaux qui sont à la fois tristes et beaux, et qui sont capables de me faire réfléchir et pleurer, et ce, même au cours d’une bonne journée. Et aujourd'hui, cette chanson a réussi à ouvrir le flot de mes larmes refoulées. Je me suis rangée sur le côté de la rue, j'ai incliné mon siège en arrière et je suis restée allongée pendant un moment. C'est à cet instant que j'ai pensé à mes enfants et à tous les différents rituels de « maintien » que nous avons adoptés depuis leur naissance.


À cet égard, un de mes enfants trouvait particulièrement difficile lorsque je devais le déposer et le laisser à une destination précise. Or, je devais prendre de petites mesures pour l'aider à s'accrocher à moi quand nous étions séparés, telles que de glisser des bisous dans sa poche pour un moment ultérieur et rédiger des notes réservées à son heure du dîner, afin qu'il puisse bénéficier d'un léger réapprovisionnement d'attachement au cours de la journée... mais (tout comme avec ma mère) je devais aussi donner l'impression que je me portais bien quand je le quittais. Néanmoins, si je laissais transparaître que je semblais préoccupée par son aptitude à gérer la situation ou que je me sentais stressée par ses larmes, alors il avait davantage de difficultés à assumer cette réalité. Autrement dit, Il avait besoin de s'appuyer sur ma conviction en ses capacités et de découvrir un sentiment de sécurité à travers moi. Cette étape est particulièrement importante si la personne dont nous nous occupons se sent nerveuse, effrayée ou anxieuse. Pour cette raison, je me remémore régulièrement, dans de tels moments, que je dois me comporter comme un pilote.


Il pourrait être utile d'envisager la situation de la façon suivante :

Imaginez que vous êtes sur un vol turbulent. L'avion tremble, il monte et il descend brusquement. Alors, la voix du pilote se fait entendre par le haut-parleur et il dit nerveusement : « Hum, je ne sais pas exactement ce qui se passe, mais euh, peut-être... est-il possible que tout le monde attache sa ceinture de sécurité ? »

Si nous attardons à ce scénario, il est fort probable que la plupart des passagers deviendront extrêmement anxieux : « Est-ce que nous allons nous en sortir ? Que se passe-t-il ? Je ne me sens pas en sécurité ».


À présent, imaginez que le pilote dise ceci : « Bonjour à tous, nous rencontrons des turbulences passagères. Elles sont normales et elles devraient se résorber rapidement. Les passagers sont donc invités à regagner leurs sièges et à attacher leurs ceintures. Merci ». Étant donné que le pilote est calme et sûr de lui, les passagers seront donc plus enclins à croire que tout ira pour le mieux, parce qu'il est aux commandes ! Par conséquent, ils n’ont qu’à suivre les instructions du pilote et tout rentrera dans l'ordre. Ils sont en sécurité.


Si les enfants (ou toute autre personne à notre charge) sont stressés, anxieux ou nerveux, c'est à ce même moment précis que nous devons intensifier notre leadership, et ce, en nous considérant tel le pilote d'avion qui est calme et qui ne manque pas d'assurance. Il convient de noter que lorsque des situations sont stressantes ou incertaines, le fait de transmettre que nous sommes maîtres de la situation amène les enfants à se sentir en sécurité, à nous faire confiance et à vouloir nous suivre. À vrai dire, il s'agit des instances où notre leadership revêt une importance considérable. Si nous parvenons à rester centrés au cours de ces instants (même si nous adoptons cette attitude qu'en apparence !), cela contribuera à ce que les individus qui dépendent de nous se sentent en sécurité.


En effet, il est incroyablement réconfortant et apaisant de pouvoir compter sur les conseils et les certitudes d'une autre personne, alors que la situation semble incertaine, voire terrifiante.


Toutefois, à titre de leaders, cela ne signifie pas toujours que nous nous sentons de cette façon. Nous devons nous rappeler que nous sommes aussi des êtres humains, que nous pouvons avoir peur et devenir anxieux. Or, il est possible que le pilote ait été inquiet, mais qu'il n'en ait fait aucunement part aux passagers, puisque c'est à lui qu'incombe la tâche de faire en sorte que ceux-ci se sentent en sécurité. En revanche, il est fort probable qu'il en ait informé son copilote. Et ceci est également vrai pour ceux d'entre nous qui dirigent, aiment, et s'occupent des enfants et des jeunes. Si nous sommes authentiques, nous pouvons partager nos inquiétudes avec notre équipe, nos collègues, nos copilotes, de sorte que nous soyons aussi en mesure de compter sur eux, de nous confier et d'obtenir leur support.


Le début de l'année scolaire peut consister en une période de transition qui est spécialement difficile pour certains enfants.

De nombreux parents et enseignants sont confrontés aux sentiments de stress et d'alarme des enfants au moment où ceux-ci sont déposés à l'école. Effectivement, il arrive que certains enfants fréquentent de nouvelles écoles et qu’ils explorent un monde qui leur semble inconnu. D'autres sont confiés à de nouveaux enseignants auxquels ils ne sont pas encore attachés. Tandis que d'autres sont uniquement des êtres qui sont davantage sensibles et qui requièrent un peu plus de réconfort lors des périodes de séparation.


Or, que pouvons-nous faire si le fait de déposer une personne dont nous avons la charge à un endroit, s'avère difficile ou si la séparation est éprouvante ?

Nous pouvons intensifier notre leadership bienveillant :

Il importe de souligner que d’accroître notre leadership signifie que nous devons donner l'impression aux individus, dont nous nous occupons, que nous sommes en mesure de maîtriser la situation. Si nous reprenons l'exemple du pilote d'avion évoqué précédemment. Lorsque la situation est mouvementée, il doit transmettre aux passagers un sentiment de sécurité en adoptant une attitude qui laisse entrevoir qu'il est sûr de lui et qu'il est au courant de ce qui se passe. Dans cet ordre d'idées, quand les enfants se sentent anxieux, effrayés et nerveux, ils nécessitent davantage de sécurité. Conséquemment, si nous parvenons à rester centrés au cours de cette période, cela peut permettre aux enfants de se sentir ancrés et en sécurité.


Que nous soyons l'enseignant de l'enfant qui l'aide à se sentir en sécurité alors qu'il vient avec nous, ou que nous soyons son parent qui le soutient au moment où nous le déposons, cela peut aider si nous :

  • Dégageons un sentiment de cordialité et de réconfort.

  • Nous considérons comme le pilote chaleureux et compétent qui procure un sentiment de sécurité aux passagers.

  • Ne partageons pas nos inquiétudes à son sujet avec lui.

  • Normalisons et créons de la place pour ses sentiments.


Aidez-le à maintenir un lien avec vous quand il est séparé :

Chaque enfant est un être distinct et chaque relation est unique. Par conséquent, essayez de trouver ce qui fonctionne le mieux pour vous. Voici quelques idées qui pourraient éveiller votre imagination :

  • Donnez-lui des bisous dans sa main ou dans sa poche, qu'il pourra garder ultérieurement.

  • Écrivez une note amusante qui sera jointe à son dîner ou qui sera glissée dans son sac à dos.

  • Parlez-lui de votre prochain point de contact avec lui, plutôt que de lui dire « au revoir ». Dites-lui par exemple : « Je te revois après l'école » !


Vous pouvez également consulter ces deux livres pour enfants, qui traitent de la manière dont nous pouvons nous rattacher à « nos proches » lorsque nous sommes séparés d'eux :


Et surtout, souvenez-vous que ceux d'entre nous qui passent énormément de temps à prendre soin des autres ont également besoin d'en recevoir à leur tour ! Respirez à fond, faites ce qui vous procure du bien-être, trouvez votre jeu, et cherchez quelques copilotes dans votre vie avec qui vous pouvez partager et vous appuyer à tour de rôle. Cela fait partie des dons et des joies qui sont inhérents au fait d’appartenir à une communauté.


Cordialement,

Hannah


Hannah Beach est une éducatrice, auteure et conférencière primée. En 2017, elle a été reconnue par la Commission canadienne des droits de la personne comme l'un des cinq principaux acteurs du changement au Canada. Elle est coauteure de Reclaiming Our Students: Why Children Are More Anxious, Aggressive, and Shut Down Than Never — And What We Can Do About It (publié en avril 2020). Elle offre des services de développement professionnel à travers le pays et fournit des conseils en santé émotionnelle aux écoles.

Trouvez-la en ligne à https://hannahbeach.ca



Tous droits réservés Hannah Beach © 2023

Hannah Beach, auteure de Reclaiming Our Students et de la série de livres I Can Dance, est membre de l’Institut Neufeld, ainsi que directrice de Emotional Growth for Children, un centre de consultation et de ressources familiales. Pour de plus amples renseignements, veuillez visiter : www.hannahbeach.ca et www.neufeldinstitute.org

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