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Ce qui inquiète et effraie les enfants selon différents groupes d’âge

  • Writer: edegosztonyi
    edegosztonyi
  • Nov 7, 2019
  • 8 min read

Par Dre Deborah MacNamara (7 novembre 2019)

Traduit par Nathalie Malo


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Les enfants peuvent s'inquiéter à propos de toutes sortes de choses, qu'il s'agisse de monstres ou de catastrophes naturelles. Ces inquiétudes peuvent surgir à l'improviste ou être provoquées par des événements de la vie de tous les jours. En effet, leur conscience croissante du monde et des personnes qui le composent, ainsi que leur capacité à anticiper l’arrivée de circonstances négatives, peuvent contribuer à exacerber leur sentiment d’alarme.


La plupart des peurs des enfants peuvent être existentielles, ce qui signifie qu'elles sont révélatrices de leur croissance et de leur développement en tant qu'être distincts. À vrai dire, la séparation constitue l'expérience la plus marquante qui soit. Elle stimule le centre émotionnel du cerveau et elle peut engendrer des sentiments de peur. Au fur et à mesure que l'enfant devient davantage indépendant, il dépendra moins de ses donneurs de soins; ce qui peut occasionner chez lui certaines inquiétudes. Alors que l'enfant grandit, cette peur prend différentes formes. Il importe de noter, que bien que cette peur se transforme, elle conserve toujours une origine commune.


Les inquiétudes et les peurs qui fluctuent font partie de la condition humaine. En réalité, une part considérable de l’énergie du cerveau est consacrée au traitement des informations entrantes pour détecter les menaces potentielles, et à transmettre des signaux au corps. Nous ne sommes pas toujours conscients de nos peurs puisque nous disposons d’un inconscient émotionnel qui opère en dehors de notre perception consciente. D’ailleurs, Joseph LeDoux, l’un des plus grands neuroscientifiques au monde spécialisé dans l’étude de l’anxiété, a démontré qu’il est possible d’être envahi par la peur à un point tel qu’on peut en devenir muet.

 

Peurs et inquiétudes courantes

La liste suivante regroupe certaines des peurs et inquiétudes habituelles que les enfants peuvent exprimer à différents âges. La plupart d'entre elles sont associées aux changements développementaux et à l'immaturité. Il importe de tenir compte du fait qu’il arrive parfois que les enfants ne parviennent pas à exprimer clairement la nature de leurs peurs.


De 0 à 6 mois – Les bébés peuvent manifester des signes de peur en présence de bruits forts, car ceux-ci sont inattendus et surprenants. La perte de contact physique, visuel et auditif avec les adultes qui s'occupent d'eux peut également susciter un sentiment d'alarme, et ce, étant donné que les zones du cerveau responsables de la permanence des objets ne sont pas encore pleinement développées. Or, lorsqu'ils perdent contact avec une personne, ils ne savent pas si celle-ci reviendra, et ce, étant donné qu’ils ne comprennent pas encore que les objets sont permanents dans le temps et dans l'espace.


De 7 à 12 mois - À cet âge, un enfant peut exhiber des signes de compréhension de la permanence des objets ainsi que de la causalité. Il réalise que les adultes peuvent réapparaître et qu'il détient une certaine influence sur les actions d'autrui (p.ex. quand il pleure, une personne viendra le chercher et le prendre dans ses bras). Au cours de cette période, il est fréquent qu'il proteste face à des inconnus, ce qui révèle que son cerveau s'est suffisamment développé pour qu’il s’attache à un individu en tant que principal donneur de soins. Ce phénomène peut l’amener à se montrer timide envers les personnes qu'ils ne côtoient pas régulièrement et à préférer la compagnie de ses figures d'attachement principales. Par ailleurs, les enfants de cet âge sont toujours effrayés par les bruits forts et les objets qui apparaissent soudainement ou qui se dressent au-dessus d'eux.


À 1 an – La séparation d'avec les parents est souvent une source d'inquiétude et de peur à cet âge - ce qui persistera jusqu'à l'âge de 6 ans. Un jeune enfant est encore fortement dépendant des adultes pour sa prise en charge. Par conséquent, il peut s'inquiéter lorsqu'il est éloigné de ceux-ci. Il peut également être effrayé s'il se blesse ou s'il entend des bruits forts, tels que celui de la chasse d'eau d'une toilette qui est enclenchée.


À 2 ans - Les jeunes enfants craignent souvent les animaux et les gros objets. Leur petite taille et leur manque de compréhension à propos de ces choses augmentent probablement leur niveau d'alarme. Ils peuvent également mentionner qu'ils craignent les pièces sombres, ce qui rend la séparation pour la nuit d'autant plus difficile. Les jeunes enfants se sentent souvent plus confortables lorsqu'ils ont une routine et qu’ils évoluent dans un environnement structuré. De ce fait, les changements dans leur environnement peuvent devenir une source potentielle de préoccupation pour eux.


De 3 à 4 ans – En raison du développement croissant de son cerveau, l'imagination et la capacité du jeune enfant à anticiper l'arrivée de mauvaises circonstances pour lui-même ou pour les autres peut s'intensifier. Ses rêves peuvent devenir plus intenses et marquants, et ils peuvent mettre en scène des monstres et d'autres éléments terrifiants. En outre, il peut craindre les animaux, les masques, l’obscurité, et il peut chercher du réconfort au milieu de la nuit lorsqu'il est inquiet. Il est possible d'observer un niveau croissant de séparation par rapport à ses parents, compte tenu de son désir d’indépendance grandissant, comme en témoignent ces expressions : « Je vais le faire moi-même » et « Non, je suis capable tout seul ! ».


De 5 à 6 ans – À cet âge, un enfant peut exprimer des craintes quant au fait d'être blessé physiquement ou d'être victime de « méchants ». Son jeu peut dévoiler ces thématiques, alors qu'il commence à imaginer des événements négatifs qui surviennent et qui ne se basent aucunement sur la réalité. Il peut exprimer des inquiétudes à propos de fantômes, de sorcières ou d'autres créatures surnaturelles. De plus, le tonnerre et les éclairs peuvent également l’agiter. Le fait de dormir ou de rester seul peut toujours lui poser un problème, et ce, puisqu’il vient tout juste de terminer son développement en tant qu'individu à part entière.


De 7 à 8 ans – Les peurs récurrentes de l’enfant de cet âge incluent celle d'être laissé seul, ce qui peut l’amener à rechercher la compagnie des autres même quand il joue par lui-même. Il peut aborder le sujet de la mort et s'inquiéter de choses qui pourraient le blesser, telles que des accidents de voiture ou d'avion. Il peut encore être confrontés à la peur de l'obscurité, laquelle s'inscrit comme une extension de son développement en tant qu'être distinct.


De 9 à 12 ans – Les préadolescents peuvent exprimer des inquiétudes relatives à leurs résultats scolaires, ainsi qu'une appréhension des tests et des examens. En outre, Ils peuvent se préoccuper de leur apparence physique, des blessures et de la mort. Alors qu'ils deviennent des êtres qui sont plus distincts et sociables, ils sont en mesure de considérer qui ils sont et se comparer aux autres, ce qui peut susciter un certain sentiment d'alarme. Ils peuvent exprimer leur inconfort à l'idée de grandir et affirmer qu'ils ne veulent plus que cela arrive, alors que d'autres enfants semblent impatients de quitter cette phase de l’existence. Il importe de souligner que plus un enfant est orienté vers ses pairs et plus il est possible qu’il ressente de l'anxiété à cet âge, et ce, parce qu’il se tourne vers ses pairs pour comprendre qui il est véritablement. Vous pouvez consulter cet article en anglais qui traite de ce sujet : When Peers Matter More than Parents.


L’adolescence – En ce qui concerne l’adolescent, les relations interpersonnelles peuvent être une source de confusion, d'inquiétude et de peurs. Alors qu'il effectue ses premiers pas en tant qu'être social, il sent toujours le besoin d'être soutenu par ses donneurs de soins à la maison, et ce, afin de l’aider à donner un sens aux enjeux scolaires et à ses relations amicales. Il peut exprimer ses craintes quant aux questions politiques, en raison de sa conscience élargie du monde et de son passage à l'âge adulte. D’ailleurs, certains adolescents manifestent des signes de superstition accrue dans le but de réduire certaines de leurs peurs relatives à cette période de la vie. Le fait d’anticiper l'avenir et ce qu'il leur réserve peut devenir une source d'inquiétude considérable, tout comme les catastrophes naturelles et d'autres sujets associés au passage à l'âge adulte.

 

Stratégies pour gérer les inquiétudes

Dans le cas du jeune enfant, sa peur est souvent atténuée par le biais de la connexion qu’il entretient avec des adultes bienveillants qui lui procurent sécurité et réconfort. Au fur et à mesure que l'enfant vieillit, sa maturité croissante implique qu'il devra trouver à la fois le courage et les larmes requises pour affronter ses peurs. Cette croissance peut être cultivée par l’intermédiaire d'adultes en qui il a confiance et sur lesquels il peut compter.


1. Connexion – Lorsque les enfants sont inquiets, il convient de préciser que les meilleures sources de soutien proviennent de leurs relations d’attachement proches. Le fait de prendre le temps d’écouter les inquiétudes d'un enfant, de valider ses sentiments et de l'accompagner peut aider à minimiser ses peurs. Accompagner l’enfant consiste à l'écouter en lui vouant toute son attention et de réfléchir à ses propos, plutôt que de tenter de résoudre un problème ou d’invalider ce qu'il a dit. Si les niveaux d'inquiétude et de peur d'un enfant sont plus persistants et chroniques, il serait donc préférable d’avoir recours à des mesures appropriées pour aborder son anxiété.


2. Jouer avec la peur – L'un des moyens par lesquels le système d'alarme d'un enfant se développe consiste en l'interaction avec le monde qui l'entoure. Bien qu'il puisse être surpris, ou exhiber des signes de peur, le fait d'être en mesure de jouer avec cette expérience peut aider à en atténuer son intensité. Lorsqu'un enfant joue, son cerveau peut intégrer les signaux, et ainsi, la peur est moins susceptible de prendre le contrôle de son système émotionnel. Les jeux traditionnels qui peuvent aider dans ce domaine incluent la cachette, jouer à faire coucou, les jeux de société, ainsi que les histoires qui traitent des sujets propres au risque et à la peur.


3. Courage et bravoure – Les enfants âgés de 5 à 7 ans sont incapables d’être courageux en raison du manque d'intégration au niveau de leur cortex préfrontal. Ils ne peuvent éprouver qu'une seule émotion intense à la fois. Par conséquent, leur peur peut les envahir lorsqu'ils sont soumis à une pression, et il est possible qu’ils deviennent frustrés, résistants ou agressifs. Dans le cas d’un enfant qui est âgé de 6 ans ou moins, il serait préférable de faire appel à une personne en qui il a confiance pour l'accompagner dans des situations et des expériences qui peuvent être nouvelles ou terrifiantes. Il est important de faire en sorte que l’enfant ne laisse pas ses peurs prendre le dessus lorsqu'il s'agit de décider ce qu'il doit faire ou ne pas faire. En ce qui concerne les enfants qui sont plus âgés, il est opportun de les aider à exprimer ce qui les dérange. Une fois qu'ils ont trouvé les mots pour exprimer leurs craintes, ils seront davantage en mesure de formuler leurs désirs. Ce faisant, ils seront aptes à faire preuve de courage face à ce qui les inquiète.


4. Les larmes – Les peurs peuvent également être apaisées en aidant l'enfant à exprimer sa tristesse par rapport à ce qui l'inquiète. Par exemple, il peut parler d’un ami qui ne veut pas toujours jouer avec lui ou du fait qu'il ne veut pas grandir. À vrai dire, il arrive que tout ce qui reste à faire, pour l’enfant, est de pleurer ou de ressentir une certaine déception relative à ses peurs. Ainsi, cela lui permettra de libérer sa peur et d'acquérir une certaine résilience pour faire face à ses inquiétudes.

 

Le cerveau constitue un système d'alarme sophistiqué qui est conçu pour s'activer lorsqu'une séparation est anticipée ou réelle. Au fur et à mesure que l'enfant grandit, la forme et la nature de ses peurs ainsi que de ses inquiétudes peuvent changer en fonction de son développement progressif. Le rôle des adultes qui se trouve dans sa vie consiste à cultiver des connexions profondes avec lui, de l'écouter et de reconnaître qu'il a peur, ainsi que de l'aider à être prudent, à trouver ses larmes ou à le pousser vers le courage en tant que réponse ultime à son alarme.

 

 

Tous droits réservés Deborah MacNamara, 2019©

Dre Deborah MacNamara, auteure du livre « Grandir, jouer, s’épanouir », est membre du corps professoral de l’Institut Neufeld, ainsi que directrice de Kid’s Best Bet, un centre de consultation et de ressources familial. Pour de plus amples informations, veuillez visiter :

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