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Comment élever des enfants bienveillants ?

  • Writer: Catherine Korah
    Catherine Korah
  • May 8, 2016
  • 6 min read

Par Dre Deborah MacNamara (8 mai 2016)

Traduit par Nathalie Malo


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Lorsque je m’attarde à tous les défis auxquels mes enfants seront confrontés (que ce soit en termes de réchauffement climatique ou d'inégalités croissantes), je me demande de quelle façon je peux les préparer à affronter ce qui les attend. Que leur faudra-t-il pour les aider à rétablir l'équilibre dans notre monde et à inciter les générations futures à vouloir prendre soin de celui-ci ? Or, je reviens toujours à la même conclusion : la bienveillance. Ils devront faire preuve de suffisamment de bienveillance afin de comprendre à quel point leur vie est liée à celle des autres, en dépit de la distance géographique et des différences propres à leur quotidien.


Je ne suis pas la seule à vouloir élever des enfants bienveillants, mais une question subsiste : « Comment cultiver cette qualité ? » La faculté de bienveillance repose sur des instincts et des émotions qui nous habitent tous. Elle est coordonnée par le système limbique, ou le centre des émotions, qui se situe dans le cerveau. Ainsi, la clé pour révéler la capacité de bienveillance d'un enfant réside dans l'activation de ce système émotionnel. En réalité, cette activation se fait au moyen de l'attachement, à savoir que les actions d'un adulte, qui consiste à prendre soin d'un enfant, libèrent l’aptitude de ce dernier à manifester de la bienveillance. À vrai dire, ce sont nos relations avec les enfants qui leur permettent de s'attacher aux personnes et aux choses, de se sentir pris en charge et d'être amenés à vouloir s’occuper de leurs semblables. Par conséquent, en l'absence de prise en charge, l'instinct des enfants qui conduit à s'attacher aux autres et à prendre soin d'eux, est dans l’impossibilité de se déclencher. Par le biais de leur relation avec leurs donneurs de soins, ils sont alors aptes à devenir pleinement humains et compatissants.

 

Comment nous faisons fausse route 

En cherchant à élever des enfants bienveillants, nous commettons souvent des erreurs. Il convient de préciser que la bienveillance est instinctive et émotionnelle en soi. Cependant nous avons confondu le comportement bienveillant avec le fait d'avoir un esprit bienveillant. Bien que nous pouvons apprendre à un enfant à se montrer bienveillant en disant « je m'excuse », « s'il te plaît », « merci » ou « je t'aime », cela ne signifie pas pour autant qu'il soit doté d'un esprit bienveillant. Lorsqu'on exige d'un enfant qu'il se montre bienveillant sans se demander s'il pense et ressent sincèrement les paroles qu'il dit, on détache son comportement de l'esprit de sollicitude qui devrait le pousser à agir avec bienveillance. Il est ironique d’observer à quel point les enfants peuvent déceler fréquemment ces gestes et ces paroles insincères, et qu'on peut les voir réagir à des déclarations telles que : « Excuse-toi comme si tu le pensais réellement ! » Au lieu d’exiger des actes de bienveillance de la part de l’enfant, nous pouvons simplement lui dire que lorsqu’il aura une excuse en lui, il devra s'excuser à la personne concernée. Il se peut que nous devions le lui rappeler et veiller à ce que ses sentiments bienveillants resurgissent, mais l'encourager à s'excuser à partir d'un sentiment de remords est un moyen sûr de faire grandir un enfant qui est bienveillant.


L'autre défi réside dans le fait que nous récompensons fréquemment les enfants pour leurs actes de bienveillance. Lorsque nous agissons de la sorte, nous risquons de transformer leurs gestes altruistes en des quêtes égoïstes. Or, c’est l’esprit de bienveillance qui représente le moteur qui les pousse dans une direction spécifique, et ce, peu importe les récompenses ou les éloges qu'ils peuvent recevoir. Quand nous émettons des éloges à un enfant pour quelque chose qui lui vient naturellement, nous déprécions l'esprit qui l'a incité à agir ainsi. À titre d’exemple, ma fille de 5 ans avait trouvé un portefeuille lorsque nous étions en train de faire des courses dans un magasin. Une femme est entrée frénétiquement dans ce magasin. J'ai mentionné à ma fille que c'était probablement elle qui avait égaré le portefeuille qu’elle avait trouvé auparavant. En constatant sa détresse, ma fille s'est approchée de la dame pour le lui rendre. Tandis que le visage de la femme démontrait son soulagement, elle a tendu la main pour donner de l'argent à ma fille en tant que récompense. Je lui ai dit de ne pas le faire et de bien vouloir garder son argent.


Cependant, elle a insisté et elle a tenté, à nouveau, de remettre de l'argent à ma fille, mais je lui ai répété de ne pas le faire. Elle paraissait confuse et contrariée, alors je lui ai expliqué que le fait que ma fille lui de rende son portefeuille était la moindre des choses, et qu’elle avait agi de la sorte parce qu'elle se préoccupe du bien-être d’autrui. Il n'était donc pas nécessaire de la récompenser pour sa bienveillance, puisque c'est tout simplement un comportement adapté.

 

Cultiver la capacité à considérer les autres

Afin que nos enfants parviennent à comprendre le point de vue ou l'expérience d'une autre personne, ils doivent être aptes à faire preuve de considération. Autrement dit, ils doivent être en mesure de se mettre « à la place d'autrui » et de voir le monde « selon la perspective ». La capacité de considération devrait se manifester spontanément entre l'âge de 5 et 7 ans, dans le cadre d'un développement optimal. Pour ce faire, il faut d'abord que l’enfant détienne une compréhension adéquate de lui-même. En effet, avant qu’il ne puisse considérer les besoins des autres, un enfant doit d'abord comprendre la nature de ses propres besoins. Ce processus s'accomplit généralement au cours des six premières années de la vie; phase où les enfants jouent, explorent et apprennent à donner un sens au monde qui les entoure.


La capacité de considération ne sera aucunement visible chez un enfant avant qu'il ne soit âgé entre 5 et 7 ans; période à laquelle le cerveau intègre et est en mesure de mélanger des sentiments et des pensées contradictoires. Pour faire preuve d'une réelle considération, un enfant doit être apte à gérer le conflit qui existe entre ses propres besoins et ceux des autres. Par ailleurs, il doit être capable de peser le pour et le contre, et de prendre une décision en tenant compte de plusieurs points de vue.


Je me souviens d'avoir observé ma fille de cinq ans et demi séparer en deux sa gomme à mâcher, après qu’elle ait remarqué la désarroi de sa sœur qui avait perdu la sienne. Quand je lui ai demandé pourquoi elle avait partagé sa gomme, elle m'a regardé comme si j'étais stupide et elle m'a répondu : « Parce que je l'aime. » Lorsque nous préservons l'esprit bienveillant d'un enfant, sa maturité croissante devrait s'accompagner de gestes spontanés de considération.

 

 

Le rôle de la famille/des proches dans le développement d’enfants bienveillants

Les enfants bienveillants sont le résultat d'une croissance et d'un développement équilibrés. Si nous voulons élever des enfants bienveillants, les cinq stratégies suivantes peuvent nous aider à réaliser cet objectif :

  • Préserver leur esprit bienveillant en évitant de récompenser les comportements bienveillants et en s’abstenant de leur ordonner d'agir avec bienveillance.

  • Combler généreusement leurs besoins relationnels afin de libérer leurs instincts et leurs émotions inhérents au fait de prendre soin d’autrui.

  • Lorsqu'ils se montrent malveillants, se servir de la relation qui a été établie avec eux, dans le but de les aider à comprendre pourquoi ils agissent et se sentent ainsi, utiliser sa chaleur pour faire fondre leur cœur endurci et pour qu’ils soient aptes à regagner leur esprit bienveillant.

  • Les aider à comprendre qui ils sont – leur raison d’être, leurs intentions, leur but, leurs sentiments et leurs désirs – afin qu'ils soient mieux outillés pour comprendre les expériences d'autrui quand ils auront développé une identité cohérente.

  • Les mettre dans une position où ils pourront s’occuper des autres qui sont plus jeunes ou plus dépendants, tels qu'un animal de compagnie ou un frère ou une sœur.


Les racines de la sollicitude ne se trouvent pas dans des systèmes de renforcement qui sont destinés à encourager des comportements bienveillants, mais plutôt dans le fait de disposer d'un esprit bienveillant qui est capable de conduire l’enfant dans cette direction. La bienveillance consiste en un instinct que nous devons déclencher et entretenir auprès de nos enfants, et ce, tout au long de leur croissance. Le fait de devenir un être bienveillant ne se résume pas à adopter une apparence bienveillante, qui ne résistera pas au temps et aux circonstances. Si nous voulons que nos enfants deviennent réellement des protecteurs de l'environnement et qu’ils se préoccupent de leurs actions envers autrui, alors il nous faudra faire mieux.

 

 

 

 

Tous droits réservés Deborah MacNamara, 2016 ©

Dre Deborah MacNamara, auteure du livre « Grandir, jouer, s’épanouir », est membre du corps professoral de l’Institut Neufeld, ainsi que directrice de Kid’s Best Bet, un centre de consultation et de ressources familial. Pour de plus amples informations, veuillez visiter :

 

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