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Est-ce que la méthode des retraits fonctionne? Il serait recommandé de reconsidérer cette question.

  • Writer: edegosztonyi
    edegosztonyi
  • Oct 27, 2019
  • 5 min read

Updated: May 19, 2023

Par Dre Mona Delahooke (27 octobre 2019)

Traduit par Nathalie Malo


Est-ce que les retraits constituent une stratégie valable pour les parents afin qu’ils puissent gérer les comportements problématiques des enfants?


Préalablement à ce que j’étudie le développement de la petite enfance, il m’arrivait occasionnellement d’avoir recours aux retraits avec mes enfants, et ce, parce qu’ils étaient prônés comme étant une mesure disciplinaire qui est efficace et adéquate. Et pourtant, des décennies plus tard, un débat fait actuellement rage pour déterminer si ces propos sont dorénavant vrais ou faux. Dans un article récemment paru dans la revue « Time », les auteurs ont essayé de résoudre cette question. Cependant, leur tentative a échoué puisqu’elle a suscité davantage de confusion que de clarté autant auprès des parents que des professionnels.

En outre, cet article citait un expert dans le domaine, soit le Dr Dan Siegel, psychiatre à UCLA, qui déclarait que : « la punition et l’isolement social » associés aux retraits s’avéraient dommageables pour les enfants. En revanche, dans ce même article, Rachel Knight, une psychologue de l’université du Michigan, a soutenu que de nombreuses données approfondies ont su démontrer que les enfants issus de familles qui utilisent les retraits ne sont pas plus susceptibles de manifester « de l’anxiété, de la dépression, de l’agressivité, des comportements qui transgressent les règles, ou des problèmes de maîtrise de soi », que ceux dont les parents ne recourent pas à cette pratique.

Je pourrais argumenter longtemps sur les lacunes que comportent les recherches liées au développement émotionnel humain. Néanmoins, le véritable problème de cet article est qu’il passe à côté de l’essentiel en se penchant uniquement sur une question plutôt simpliste, soit : « Est-ce que la technique des retraits est bonne ou mauvaise? » Or, il serait préférable de poser cette question qui s’avère plus pertinente : « Comment est-il possible pour les parents de décider de la condition et du moment pour employer les retraits, ou toute autre stratégie, à l’égard d’un enfant en particulier ? »

Afin de répondre convenablement à cette question, il importe, avant tout, de tenir compte de celle-ci : « Est-ce que l’enfant adopte un mauvais comportement intentionnellement ou est-ce que son comportement équivaut à une réaction autonome et inconsciente face à une situation de stress donnée? » Par conséquent, si le comportement consiste en une réponse au stress, alors la solution ne réside pas dans le fait de punir ou de discipliner l’enfant de quelque manière que ce soit. En réalité, nous n’avons pas besoin de lui donner une leçon et, quoi qu’il en soit, son cerveau et son corps ne sont aucunement en état d’apprendre. Nous devons plutôt lui procurer une présence apaisante de même qu’un moyen pour diminuer le niveau de stress ressenti. Dans cette perspective, quand nous punissons un comportement qui est associé au stress, c’est tout comme si nous épongions l’évier avec une vadrouille au lieu de couper l’eau.

Tels sont quelques-uns des enseignements tirés des neurosciences, qui effectuent la distinction entre les divers types de comportements. Dans cette optique, les comportements de « combat ou de fuite » proviennent de l’activation du système nerveux sympathique, et plus précisément, ils reflètent la réponse adaptative de l’enfant au stress. Il convient de mentionner que de recourir à des punitions ou à des conséquences en réponse à de tels comportements ne fait qu’imposer un stress additionnel sur le système nerveux de l’enfant, et de la sorte, exacerber les comportements existants plutôt que les atténuer.

Lorsque les parents mettent un enfant en retrait, ils présument automatiquement qu’il apprendra une leçon par la suite. À vrai dire, j’appelle cela un biais descendant «top-down», à savoir un jugement qui se fonde sur la présomption erronée qu’un enfant est continuellement dans un état de raisonnement qui soit propice à l’apprentissage. Or, avant d’opter pour l’usage d’une quelconque mesure corrective, il importe de déterminer si l’enfant se trouve dans un état qui est favorable à l’apprentissage. Il convient de souligner que les êtres humains doivent évoluer dans un état de calme et de vigilance pour comprendre la manière d’altérer leurs comportements.

Au cours des nombreuses années où j’ai travaillé à titre de consultante auprès des parents, des districts scolaires et d’organismes publics, j’ai été amené à reconnaître cette erreur courante qui est afférente à la façon de concevoir les comportements problématiques. À maintes reprises, j’ai observé des enfants dont les comportements perturbateurs étaient résistants aux méthodes conventionnelles telles que les retraits. En outre, il importe de citer que les retraits intensifient fréquemment les comportements inadaptés, ainsi que l’anxiété et la dépression des enfants. D’ailleurs, j’ai été témoin de ce phénomène auprès de plusieurs enfants, mais principalement de ceux qui ont été soumis à un stress toxique ou à un traumatisme et pour lesquels l’isolement social peut susciter des sentiments de détresse et de désespoir qui sont considérables.

Si nous redéfinissons un grand nombre de comportements problématiques en termes de comportements de combat ou de fuite (qui sont engendrés par une détresse inconsciente), il est alors facile de constater que lorsque nous intensifions le sentiment de menace par le biais de l’isolement social résultant de l’emploi d’un retrait, nous négligeons la connexion existante entre le corps et l’esprit. Par conséquent, notre obsession collective à l’égard des retraits reflète une perception désuète selon laquelle tous les comportements seraient motivés et incités. Cependant, il est important de noter qu’ils ne le sont tout simplement pas.

Si nous revenons à la question qui consiste à établir si les retraits fonctionnent ou non? Bien qu’il soit possible qu’ils accroissent le degré de conformité, nous savons désormais (ce que j’aurais aimé avoir su à titre de jeune maman) qu’il existe notamment une multitude d’autres outils qui soient plus favorables et moins risqués. En fait, nous pouvons trouver de meilleurs moyens pour guider nos enfants au lieu de les priver de leur engagement social, et ce, grâce au double avantage qui est issu des neurosciences et de la recherche relative à la compassion. Dans ce contexte, il vous suffit de penser tout simplement à la dernière fois qu’un individu que vous aimez vous a ignoré alors que vous étiez adulte. Comment cela vous a-t-il fait sentir? Et, est-ce que ce geste a véritablement résolu le problème auquel vous étiez confronté?


À vrai dire, il existe des moyens nettement plus efficaces que les retraits pour inculquer des leçons aux enfants, et nous devrions considérer ces mesures comme le reflet d’une nouvelle génération de techniques parentales favorables qui sauront être avantageuses pour tous. Notamment, une de ces alternatives pourrait correspondre au « temps de présence », que je définis en tant que période où nous demeurons avec un enfant et où nous le corégulons (l'apaisons), et ce, de façon à l'aider à passer d’un état de détresse à un état de calme. Or, chaque enfant nécessitera des interactions qui seront patiemment adaptées et individualisées de la part de ses donneurs de soins, en vue d'atteindre un état de calme dans lequel il pourra commencer à parler de ce qui s'est déroulé auparavant, ainsi qu’à découvrir des moyens pour gérer la situation d’une manière qui se veut plus efficace à l’avenir.


Il convient de tenir compte du fait qu’il est important que nous modifiions notre conception actuelle de la discipline et que nous privilégions préférablement une approche compatissante qui est inspirée des connaissances actuelles qui sont issues des neurosciences. À cet égard, nous pouvons débuter en posant les bonnes questions. En effet, quand nous procédons de la sorte tout le monde en bénéficie parce que nous consolidons les relations tout en prodiguant un enseignement qui est sensible au développement de nos enfants.




Tous droits réservés Mona Delahooke, 2019©

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