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Trois découvertes que j’ai effectuées lors de la rédaction du livre JOUER, GRANDIR, S’ÉPANOUIR

Updated: Sep 23, 2021

Le rôle de l’attachement dans le développement de l’enfant

Écrit par Deborah MacNamara (29 avril 2016)

Traduit par Nathalie Malo


Au cours des dernières années, je me suis attardée particulièrement sur le thème qui porte sur les jeunes enfants tandis que j’écrivais mon livre « JOUER, GRANDIR, S’ÉPANOUIR ». Ce fût une aventure incroyable qui a débutée lorsque mes enfants étaient petits et au moment où j’ai commencé à collaborer avec le docteur Gordon Neufeld et ce, dans le cadre de l’étude ou de l’enseignement des concepts afférents à son approche développementale et relationnelle. Alors que je m’efforçais de déterminer ce dont les enfants avaient réellement besoin de la part de leurs parents, une révélation m’est venue à l’esprit, soit à quel point nous étions devenus confus. À vrai dire, j’étais carrément frustrée des opinions divergentes qui étaient véhiculées par les divers experts qui étaient attitrés à cette période de l’enfance. En outre, j’étais stupéfaite de constater avec quelle simplicité l’éducation d’un enfant avait été reléguée en un ensemble décousu de consignes, de directives ou de mantras à se remémorer. Ceci dit, je trouvais inquiétant que les parents considèrent qu’ils doivent obtenir un diplôme en psychologie de l’enfance, en neurosciences ou en lien avec la notion de l’attachement et ce, dans le but d’élever adéquatement un enfant. Quand je me suis familiarisée avec les travaux de Gordon Neufeld, je me suis aperçue que la réussite relative à l’éducation des enfants dépendait majoritairement de la perspicacité et aucunement des compétences acquises. Notamment, au cœur de la parentalité figurent de puissants instincts et émotions qui nous incitent à comprendre nos enfants ainsi que leurs besoins spécifiques. « JOUER, GRANDIR, S’ÉPANOUIR » est né de cette source de tension qui m’habitait. Cet ouvrage est le fruit de mon désir d’avoir décidé de prendre du recul, et de donner un sens au processus de développement qui est expérimenté par les jeunes enfants.


Étant donné que mon livre a déjà été publié, je me suis dite que le meilleur moyen de souligner son passage de mon ordinateur à la réalité serait de partager les trois constats qui, selon moi, illustrent ce que les jeunes enfants aimeraient véritablement que nous apprenions à leur propos. Certes, d’autres informations pertinentes sont également incluses dans cet ouvrage. Cependant, Gordon m’a dévoilé qu’il suffit de trois critères pour décrire et cerner correctement un phénomène.


1. Nous sommes devenus des modeleurs plutôt que les jardiniers que les jeunes enfants nécessitent réellement.

Nous sommes tellement absorbés par la manière dont un jeune enfant se comporte et par le fait qu’il soit civilisé, que nous avons oublié qu’il requiert de la patience, du temps et des soins pour s’épanouir. Selon Gordon, le pépin d’une pomme ne ressemble en rien au pommier qui en porte les fruits. Par ailleurs, nous vivons à une époque où nous sommes toujours pressés, et conséquemment, nous estimons que chaque moment se prête à l’apprentissage lorsque nous sommes en présence d’un jeune enfant. Or, cette façon de procéder est épuisante tant pour les enfants que pour les parents, car elle dérobe tout le plaisir qui est engendré par le fait d’élever et de chérir des enfants.

Les conduites immatures des jeunes enfants ne revêtent nullement un aspect personnel puisqu’elles sont inhérentes à leur développement. En réalité, ils ne contrôlent pas leur impulsivité parce que leur cerveau n’est pas entièrement développé. De plus, ils sont égocentriques pour la simple raison que pour échanger avec une autre personne, il est essentiel de disposer préalablement d’un soi (identité personnelle) pour que celui-ci puisse être partagé. Il importe de noter que les jeunes enfants n’utilisent pas leurs mots quand ils sont envahis par leurs émotions et ce, étant donné qu’ils essaient encore de trouver des noms pour désigner leurs sentiments, et qu’ils font preuve d’un manque flagrant de maîtrise de soi. De surcroît, ils obéissent occasionnellement et ce, compte tenu qu’ils ne sont pas en mesure de traiter plus d’une chose à la fois, et il est possible que cette chose ne soit pas nous. D’ailleurs, il est primordial que les jeunes enfants soient attachés à nous afin de nous suivre. Toutefois, ils possèdent aussi des instincts qui les poussent à nous résister. Il convient de spécifier qu’il ne s’agit pas d’une erreur puisque ce phénomène s’inscrit dans un schéma développemental qui est sophistiqué et qui vise à faire émerger un être humain dont la maturité serait optimale. Bien que nous soyons constamment déroutés par leurs comportements, il s’avère que les jeunes enfants demeurent fidèles à leurs instincts et à leurs émotions.


En prenant du recul pour aborder la question des jeunes enfants dans toute leur complexité et leur immaturité, de même que la manière dont nous les traitons, je me rends compte que nous avons tendance à nous égarer. En effet, nous nous sommes coupés de notre intuition qui sait pertinemment que la période de la vie qui est consacrée à la petite enfance est celle qui est imprégnée par de l’immaturité. Les six premières années de l’existence humaine sont exceptionnelles et pourtant, nous n’avons pas réellement accepté le fait que les jeunes enfants diffèrent fondamentalement de nous en termes de fonctionnement. Nous observons régulièrement leurs comportements par le biais de notre regard d’adulte et pour cette raison, nous perdons de vue la splendeur et l’émerveillement que ces enfants représentent. Or, ces derniers apprécieraient grandement que nous cessions de leur reprocher leur immaturité, que nous leur accordions le temps requis pour grandir et que nous œuvrions énergiquement pour instaurer des conditions qui sont propices à leur épanouissement.


2. Le jeu est en voie de disparition pour ces enfants qui en ont particulièrement de besoin.

La deuxième observation qui m’a spécifiquement interpellée, lors de mes recherches relatives au jeu et aux jeunes enfants, concerne l’extinction du jeu à l’échelle mondiale. En toute franchise, ce fût et cela demeure une prise de conscience qui me brise le cœur. Il est évident que la tendance à la scolarisation précoce et aux activités structurées est fortement répandue, et ceci démontre clairement que nous sommes en train de commettre une erreur de parcours par rapport à l’éducation de nos enfants en bas âge. Je reste perplexe devant le fait que nous ignorons des décennies consacrées aux sciences du développement qui ont démontrées sans équivoque que le jeu est essentiel pour assurer la croissance et le fonctionnement sains et équilibrés des jeunes enfants. Qu’il s’agisse de la constitution du cerveau ou de l’expression des émotions, il est incontestable que le jeu correspond à un facteur déterminant qui fait devancer la croissance ainsi que le développement de l’enfant. À cet égard, je suis inquiète des répercussions de l’absence de jeu sur les jeunes enfants et ce, du point de vue de leur identité et de leur bien-être émotionnel.


Après mûre réflexion en lien avec cette problématique, j’en suis venue à croire que l’inquiétude des parents quant à l’avenir de leurs enfants a fait en sorte que nous ignorons la recherche qui porte sur le développement de même que notre perception de l’importance du jeu. En d’autres termes, les parents craignent que s’ils ne poussent guère leur enfant à étudier, ce dernier finira par être marginalisé au sein d’une société qui est caractérisée par sa concurrence mondiale, sa propension marquée pour la technologie et ses connaissances accrues. La conviction implicite qui prévaut actuellement dans notre société est celle qui veut que « plus on commence tôt, meilleurs seront les résultats », ne coïncide aucunement avec les concepts véhiculés par les sciences développementales. Nous pouvons pousser un enfant à performer, mais cela se fera au détriment de sa vitalité et de son individualité. En outre, cette pression exercée risque sérieusement de porter entrave au développement sain et équilibré de cet enfant. En bref, je suis résolument déterminée à défendre et à protéger le droit, et le besoin de jouer des jeunes enfants.


3. Nous pensons que la discipline est la réponse à un comportement qui est immature alors que ce n’est pas le cas.

Si nous ne dépensions que la moitié de notre énergie sur la manière dont nous disciplinons un jeune enfant et que nous nous intéressions davantage à notre façon de l’élever, alors nous serions en mesure de trouver définitivement les réponses à leurs comportements problématiques. Il convient de mentionner que ce n’est pas la discipline qui rend un enfant plus mature, étant donné que c’est ainsi que nous intervenons pour compenser pour son immaturité. En tant que nouveau parent, je me posais tellement de questions afférentes à la discipline. Cependant, je constate désormais que ce ne sont pas les questions que j’aurais dues privilégier à l’époque. De manière à ce que la discipline ne soit plus une nécessité, il est important de se pencher sur la méthode à favoriser pour aider un enfant à grandir. Subséquemment, nous devons élever un enfant qui ne se contente pas « d’adopter » un comportement mature pour s’attirer des faveurs ou pour se conformer, mais qui agit adéquatement alors que personne ne lui porte attention.


En tant que parent, mon but est d’élever mes enfants afin qu’ils s’épanouissent pour devenir des êtres qui sont flexibles, sociaux et distincts. Il n’existe pas de ruses, de récompenses ou de raccourcis pour y parvenir, si ce n’est que de subvenir à leurs besoins relationnels et émotionnels. Par conséquent, je souhaite que mes enfants s’intéressent aux autres, qu’ils ne se contentent pas de considérer uniquement leurs besoins, qu’ils montrent suffisamment d’intérêt dans la poursuite de leurs buts, qu’ils aient des intérêts et des désirs, qu’ils soient curieux, qu’ils versent des larmes devant l’adversité et qu’ils sachent contrôler leurs émotions intenses. Dans cet ordre d’idées, il convient de préciser qu’aucune forme de discipline ne me permettra d’atteindre de tels résultats. En effet, nous traitons l’immaturité des enfants telle une faille ou une lacune qui doit être rectifiée et ce, sans pour autant reconnaître qu’il existe une solution naturelle et développementale à tous leurs problèmes de comportement. Une amie m’a dit ceci : « Non mais Deb, tu réalises que tu m’enlèves mes menaces, mon chantage, mes récompenses, mes punitions et mes temps morts!


Maintenant, dis-moi comment suis-je censée être un parent? » Je lui ai répondu que je trouvais triste de constater que notre rôle de parent ait été limité à une série de mesures disciplinaires. Pourtant, nous sommes supposés représenter davantage aux yeux de nos enfants. Dans cette perspective, il nous appartient de répondre à leur soif de contact et de proximité, de prendre soin de leur cœur et de faire en sorte qu’ils aient de la sollicitude. De plus, nous sommes leur refuge et nous sommes responsables de veiller à ce qu’ils soient ouverts à nos suggestions tandis que nous les conduisons vers l’établissement de relations civilisées de même que vers la maturité. Il importe de spécifier qu’il s’avère impossible de diriger un enfant si ce dernier a refusé de nous confier son cœur. En vérité, les approches actuelles en termes de discipline négligent les éléments les plus importants qui sont liés à l’éducation d’un enfant, et la manière dont la parentalité se rapporte à la réalisation du potentiel humain.


En guise de conclusion, je voulais partager que l’une des plus belles découvertes que j’ai faites lors de la rédaction de l’écriture de « JOUER, GRANDIR, S’ÉPANOUIR », concernait le privilège inouï d’avoir rencontré Gordon alors que mes enfants étaient jeunes, et de bénéficier de ses conseils au cours du stage postdoctoral que j’ai effectué avec lui. Gordon Neufeld est un brillant théoricien, une bénédiction pour les parents et l’ultime porte-parole pour tous les enfants. Je tiens à le remercier pour sa générosité et son soutien qui ont rendus possible la réalisation de ce livre.


Ce qui ressort surtout de l’ouvrage « JOUER, GRANDIR, S’ÉPANOUIR » est cette nécessité pour les jeunes enfants contemporains de bénéficier de la présence de porte-paroles. Ils ont besoin d’adultes qui sont prêts à sauvegarder et à protéger les conditions dans lesquelles ils s’épanouiront. Si les enfants le pouvaient, ils nous diraient que nous devrions leur offrir le type de relations qu’ils peuvent prendre pour acquises et sur lesquelles ils peuvent se reposer, de même que leur procurer l’espace et la liberté de jouer. En outre, nous devrions cesser d’être obsédés par leur croissance et nous contenter d’admirer ce qui se révèle être la splendeur du développement humain. En un mot, je souhaite de tout cœur que vous soyez l’un de ces adultes et que vous vous joigniez à moi dans cette aventure.

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